Dicton du mois : « L'amour est à nos cœurs ce que le vent est à la mer : Il y excite parfois des tempêtes ; il cause même quelquefois des naufrages. »
Le 22 04, à 08h j’appelle les autorités du
canal, enfin, c’est OK pour le passage le 23, RDV à 01h du matin en
zone d’attente pour embarquer le pilote. Je vais aux affaires
maritimes m’alléger de 105 dollars pour la clearence, puis à
l’immigration faire tamponner le passeport. Les 4 handliners
(personnes qui s’occupent des amarres) sont toujours OK. Arrivée sur
zone à 00h, le pilote ne sera là qu’à 03h30. On a donc fait des ronds
dans l’eau dans une bande de 300m à 400m de large où passaient les
bateaux pilotes et autres embarcations à 15/20Nds, contre le chenal où
toutes les 30’ un monstre nous passait à 100 mètres ou moins et
montait vers les écluses. Autant dire que la veille était de mise.
J’ai dû envoyé d’ailleurs plein phare une fois sur un bateau nous
ayant pas vue, car il a largement ralenti, allumé également ses
projecteurs et changé de trajectoire.
Pour le passage des
écluses il faut monter environ 27 m en 3 écluses, 2 sur le site de
Miraflores et une sur le site de Pédro Miguel puis on traverse le
canal et le lac Gatun et la descente se fait également en 3 fois sur
le site de Gatun.
Pour la montée on a eu 3 postions différentes au milieu avec 4
amarres, contre le mur avec 2 amarres et à couple d’un remorqueur.
Pour la descente on a toujours été contre le mur et c’est beaucoup
plus cool que la montée beaucoup moins de courant et de remous.
Finalement on passera une nuit sur le lac pour effectuer la descente
le lendemain. RDV à 05h.
Le 24 04, à 05h15 le pilote arrive, un gars
très sympa. On passe donc les écluses au petit matin de manière très
agréable. En fin de matinée heure locale je laisse à la Marina Shelter
bay. Gabriel, Maribel, Thibault et Rita, 4 personnes adorables.
Mon sentiment, sur le passage du canal, pour un petit bateau comme
Aqui Lou, c’est purement du vol et tout est très bien organisés pour
te faire payer, par contre très mal organisé pour ce que j’ai vécu
sur les horaires et la considération.
A te revoilà enfin dit l’Atlantique à Aqui Lou … (de Pascal dit Toto)
Ça y est pour le canal c'est fait et c'est reparti pour ce qui sera
j'espère une nouvelle aventure en une seule et dernière étape.
Zig zag, me diront certains et oui la mer des Caraïbes avec encore les
alizés de présents cela signifie virement de bord sur virement de
bord, une allure au près, donc Aqui Lou à la gîte parfois forte, de
l’eau de mer dans le cockpit régulièrement y compris la nuit quand je
dors, une chaleur 28°c à 30°c minimum dans le bateau, un taux
d’humidité de 85% ou plus, donc une sudation permanente, on rajoute
pour le bonheur du capitaine les sargasses quasi en permanence et
voilà la navigation de mes rêves !
J’en ai vraiment chié pendant ces 10 jours avec des journées
harassantes. Pourtant rien que le mot Caraïbes ça fait rêver et bien
pour le coup, pas pour moi. Et tout ça était prévu, mais l’imaginer et
le vivre pendant 10 jours, c’est pas la même chose.
Le 25 04,de nouveau de l’eau à 360° et pas
un seul bateau en vue, c’est parfait. Tout va bien à bord d’Aqui Lou,
c’est un peu dur de se remettre dans la navigation pure et dure mais
c’est aussi une grande satisfaction, car, c'est mon tour du monde qui
continu...
Le 27 04,au beau
milieu de la nuit un cargo tanker m’a demandé de modifier ma route,
prétextant qu’il était prioritaire. Mon anglais étant très limité,
j’ai acquiescé sa demande qu’il a formulé avec beaucoup de politesse
sans épiloguer sur le fait que j’étais un voilier, donc privilégié par
rapport à lui. Le lendemain, le vent monte à 25/30 nds toujours de
face est bien sûr la mer courte, dure et cassante est arrivée avec.
J’ai même essayé de prendre le 4ème ris dans la GV et fait 2 tours à
la trinquette pour limiter les dégâts mais c’était insuffisant mais
besoin d’avancer. Alors pour dormir dehors sans trop se faire mouiller
est devenu mission impossible. Je m’en suis pris « plein la gueule »
comme on dit. Trempé de la tête aux pieds. Cette nuit là, j’ai même
commencé a avoir froid par 27°C, j’ai dû prendre un petite douche
entièrement à l’eau douce (c’est assez rare pour le signaler) et
d’aller me coucher à l’intérieur.
Depuis 2 jours, je mange des
bananes à volonté car le régime que m’a donné Valérie de son jardin,
mûrit trop vite. Elles sont excellentes.
Le 30 04
mes mains sont tellement humides que j’ai l’impression d’avoir été
dans une piscine pendant 4 h et je fais attention car j’ai les avants
bras irrités malgré les manches longues et j’ai des peaux mortes qui
se forment. J’ai jamais autant transpiré de ma vie, c’est limite
dangereux, je dois boire énormément pour préserver toute ma lucidité.
Je quantifie le volume de ce que je bois pour être sûr. Je compte pas
la bière et le rhum ! 😉
Aujourd’hui, je me fait un café, que j’associe toujours à U Express
d'Entraygues, que je remercie pour leur contribution à
l’avitaillement. C’est évidemment pas la qualité d’un café que l’on te
sers au bar, mais rien que l’odeur me rend heureux. J’ai le curseur du
moral qui monte, comme si c’était un luxe que de boire un café.
Je suis toujours à 87 % de taux d’humidité, le bateau trempé à
l’intérieur et il fait 30°C. Pour améliorer la situation, on va mettre
le four en route et faire cuire une fournée de pains. 🤣 Bananes et
Mangue au petit déjeuner une douceur délicieuse dans cet inconfort.
Bien sûr les sargasses sont toujours là, Le problème, c’est qu’elles
se coincent sur les appendices immergées et cela frêne
considérablement le bateau, je suis donc obligé régulièrement,
d’arrêter Aqui Lou, soit par une mise à la cape soit par un 360° afin
de les faire partir.
Cette nuit j’ai une poulie double de la prise du premier ris de la
grand voile qui a cédé. Ça, c’est au moins un coup du patronat, pour
me faire travailler le 1er mai !
Le 01 mai, manif à bord d’Aqui Lou, mais
nous n’étions pas nombreux. Malheureusement, sur un virement de bord,
en étarquant (tendre) le génois avec le winch de la seule main droite,
j’ai eu une forte douleur à l’omoplate droite et aux cervicales.
Anti-douleurs + anti inflammatoire pendant 5 jours et étirements,
voilà le traitement. J’ai de la chance cela a suffit. Je continue d’en
chier dans cette mer des Caraïbes. Je sais que j’en ai encore pour 8
/10 jours de plus.
Le 04 05,nuit correcte avec qqes averses.
J’ai dormi dehors avec qqes déménagements le temps des averses. En
soirée il y a avait des éclairs qui ont illuminé le ciel c’était
magnifique. Dans la nuit un petit poisson volant a atterrit sur mon
dos, il a eu de la chance que je dorme dehors, ça lui a permis de
garder la vie sauve.
Finalement on va sortir plus tôt de cette mer des Caraïbes mais plus à
l’ouest. C’est à 16h UTC le 05 05, que je
laisse par le travers à 12 Mn el cabo Engano au Nord Est de la
République Dominicaine et à moi l’Atlantique. Mais ce sera encore du
plein nord et encore des Zig zag. Ajouter à cela le franchissement de
zones de calmes et encore la présence des sargasses, rien de très bon.
Je suis passé à UTC - 4 au crépuscule et un fuseau horaire de plus !
Le 06 05,j’entame du jamón de mon ami Michel
ainsi que mon avant dernier morceau de Laguiole fermier de la Borie
Haute.
Pendant un moment de pétole, je suis allé inspecter la carène, palme
masque et tuba, elle est propre comme si je venais de la faire. Merci
à la quincaillerie Marlier à Sète qui m’a bien conseillé sur le choix
de l’antifouling. L’océan est par moment un lac, c'est vraiment
exceptionnel, parfois pas une seule ride, juste une légère ondulation
liée à la houle, c'est encore un autre vrai spectacle à observer.
Le 09 05,l’évènement fâcheux et imprévu de
la journée : le reacher, voile d’avant de 50m² que j’ai sauvé cette
nuit et que j’avais recousu jadis fin janvier, c’est déchiré sur 1,60
m à coté de la réparation. J’en ai besoin à partir 03h/04h du matin le
12 mai, donc, l’atelier couture est immédiatement ré ouvert. En 2
jours, soit 5 bonnes heures de couture, la voile est de nouveau
opérationnelle.
Les sargasses sont toujours là. J’arrête Aqui Lou pour le nettoyage,
le relance à fond travers au vent mer agité et cap au nord pour
enrouler la zone de haute pression du 12 mai. Pour mettre un peu de
baume au cœur, à midi ce sera aligot de Jeune Montagne plus jambon de
pays * avec un petit verre de vin rouge et un bout de fromage pour
finir. *Jambon de pays de mes charcutiers préférés du nord Aveyron :
Conquet à Laguiole ; Bax-Gombert et Montarnal d’Entraygues et Nord
Aveyron Porc à Espalion.
Le 14 05,, le vents n’est pas conforme aux
prévisions, je repars cap au nord le passage sur les vents du NE du
2ème anticyclone apporte de la fraîcheur, il ne fait plus que 20°c la
nuit et 25°c à peine la journée. On va bientôt ressortir le pantalon.
Cette nuit un black out des valeurs du vent, cette fois je n’ai plus
rien ni direction, ni force. Procédure de redémarrage et tout est
rentrée dans l’ordre. Puis au réveil c’est la perte de la position du
bateau sur le logiciel de routage ! Coté navigation, je dois
contourner le centre de l'Anticyclone, mais il tarde à descendre.
J'aurais dû commencer à arrondir cette nuit mais impossible, j’ai
encore fait cap au nord.
Aujourd’hui 15 05, c’est mon 200ème jours de navigation. Je suis bien physiquement et le moral au beau fixe. Un peu fatigué
lié au manque de sommeil depuis 4/5 nuits car souvent levé pour des
manœuvres sur le pont, mais tout va bien à bord d’Aqui Lou.
J’ai effectué 26800 Mn depuis le départ soit une moyenne de 134 Mn
/ jour à une vitesse moyenne de 5,58NdsIl me reste 2500 Mn en ligne directe pour entrer en Méditerranée.
15h, je rencontre en plein milieu de nulle part, ZÉRO un voilier en
aluminium de 19 mètres au look de baroudeur.
https://zeroalinfini.blog4ever.com/ dont mon ami Gilles a été un des
copropriétaires. Mais le problème du jour est tout autre, le
dessalinisateur ne produit plus d’eau douce. Demain investigation et
recherche du problème.
Il y a des jours où la navigation, est facile, comme aujourd'hui, mer
peu agitée voiles : GV + Reacher, soit 80 m² de toile, quasi travers
au vent environ 15 nds, une veine de courant qui nous porte, vitesse
moyenne 8 nds et tu sens qu' Aqui Lou glisse et que rien ne force, ce
sont des moments de grands bonheurs. Et du coup, nouveau record sur 4
heures 8,64 Nds de moyenne soit 34,56 Mn. Un nouveau record également
sur 12 heures, on a parcouru 97,2 Mn soit 7,68 Nds de moyenne. Le soir
j’observe des méduses à voile des grosses vélelles (Velella velella),
appelé aussi physalie. Elles sont magnifiques.
Pour le dessalinisateur, j’ai dû faire appel à Matthieu, un technicien
professionnel de la Compagnie Hydrotechnique à Bouaye 44830, qui
connaît sur le bout des doigts la machine. Malheureusement après 1
jour et demi d'échanges, de conseils, et d'essais, le verdict est
tombé, la membrane est explosée et donc HS, la vieille ne produit que
de l’eau saumâtre impropre à la consommation.
A ce stade j’ai il me reste 16 litres d’eau douce pour rejoindre les
Açores à environ 8 jours de navigation. L’heure est à la restriction
de consommation d’eau douce.
Maintenant je vais me reposer et on s'attaquera à l'histoire de
pouvoir récupérer les valeurs du vent peut-être demain ou alors …
Aujourd’hui, le 21 mai, cela fait 8 mois que
je suis parti de Carnon et j’en suis à 206 jours de navigation pour 27
750 milles nautiques parcourus et or mis quelques soucis et encore des
sargasses, j’en reviens pas de leurs présences dans ces latitudes,
ceci dit il a bien de grosses physalies...
Tout va bien à bord d’Aqui Lou ! 😉⛵✊🏻🚩
Fabien le 21 05